The Cold Phoenix

The Cold Phoenix

Chapitre 13/14 - CdS tome 1

Après réflexion, j'ai décidé de publier sur ce blog la suite de l'acte I du premier tome des Chroniques de Salfia. Cela rajoutera du contenu à ce blog qui est bien silencieux depuis quelques temps. Vous aurez donc le droit à plus de développement du scénario ainsi qu'à quelques personnages assez emblêmatiques. Faîtes-moi savoir si cela vous plaît

 

A savoir que le chapitre 4 a depuis sa publication sur le blog été coupé en deux (il était vraiment long..) donc vous avez déjà lu le chapitre 13 qui était avant le 12, vous n'avez donc rien raté, d'où la mention "13/14" du titre de l'article

 


Chapitre 14 : Le géant venu de la terre

Le groupe de six compagnons traversait depuis plus de deux jours les plaines de Merratel. La nuit approchait. Ils se trouvaient pour la quatrième fois dans un puits de roche, à attendre la fin d'une téhrentshé.

-"Ca fait déjà quatre", compta Zacri.

-"Celle-là est la dernière", conclut Jallie.

-"Qu'est-ce que tu en sais?"

-"Tu n'as pas vu les montagnes au loin? On se dirige vers elles. Je ne connais pas Salfia mais si on se dirige vers des montagnes, alors on sortira des plaines."

-"Ta logique m'impressionera toujours...", lança Dellas avec sarcasme.

Il reçu en guise de réponse un pincement de Jallie, les doigts libres de ses protections de cuir marron. Elle visa les côtes, point vraisemblablement sensible pour le jeune homme, qui gigota une seconde, un sourire narquois collé aux lèvres. Un long blanc s'installa. Plusieurs minutes, une dizaine peut-être. Celui-ci fut brisé net par un :

-"Bon, eh bien continuons. Allez!"

Joll accompagna ses paroles d'un geste d'invitation de la main, déstiné au groupe dans son ensemble. Jallie s'essuya le derrière en se levant, et sentit sa queue toujours en pleine croissance. Elle fit mine de rien. Dellas sifflait insouciemment, arrachant un beau sourire à son ami harnassienne, ravie de le revoir de bonne humeur. Les compagnons marchèrent alors sur le sol multicolore des plaines. Les cailloux bleus, rouges et blancs, craquèrent doucement sous leurs pieds chaussés de cuir. La plaine était très vaste, le temps qu'il avait fallu pour la traversée avait surpris l'ancienne sirionîte. Malgré sa taille sur la carte de Joll, la jeune fille pensait que l'absence de végétation ralentissante accélèrerait plus la marche. Mais elle n'en était que plus aise, car le monde était donc encore plus grand que ce qu'elle pensait. Découvrir tout cela serait amusant, si les combats n'étaient pas destinés à faire rage durant leur périple. Ainsi elle pourrait aussi découvrir, réellement, d'autres terres, plus tard? Eh bien tant mieux!

-"Mmh?"

La jeune fille s'arrêta avec cette onomatopée interrogative, regardant une forme étrange au sol. Un objet, visiblement. Insouciante, elle le ramassa et le dépoussièra. Cette couche était certainement dûe aux tempêtes d'onde, qui retournait le sol régulièrement. Jallie avait déjà vu l'objet, accroché à la taille du Bar Thanos, à Grandatum la ville portuaire. Mais elle ne l'avait pas vu l'utiliser, et ne savait donc pas à quoi cette étrange bidule pouvait servir.

-"Tu ne sais pas ce que c'est?" l'interrogea la kallato.

-"Bin, euh non."

-"C'est un pistolet", expliqua Joll."Si tu appuie sur la détente ici, une balle de métal sortira de ce trou là, et percera tout sur son passage, comme un carreaux. En plus puissant, rapide, et bruyant."

Jallie déclencha l'arme, sans obtenir l'effet escompté.

-"Il faut avoir mit une balle dedans, avant!" s'esclaffa Joll, plié de rire.

-"Heureusement, elle m'aurait tiré dessus!" s'indigna Dellas, à droite de Jallie.

-"Excuse-moi. Tu as des balles, Joll? Ou quelqu'un d'autre?"

-"Non", fut la seule réponse, commune, qu'ouït la blondinette.

-"Quand on en trouvera tu pourras tester. Parce qu'il n'y en a pas ici, visiblement."

-"Ta logique m'impressionera toujours!" s'exclama Jallie.

-"Quelle originalité."

Le groupe se remit alors en marche, direction les montagnes rocheuses.

-"Comment ça tire? Il n'y a pas de corde à tendre."

-"Dedans se trouvent deux artefacts spéciaux. Une pierre de feu, et une d'eau. Les pierres élémentaires sont des roches qui dégagent fortement une concentration de l'élément correspondant, et ce de manière continue. Leur durée de vie est, à ce qu'on en sait, très long. Ainsi, quand tu actionnes la détente, un mécanisme est poussé et met en contact la pierre d'eau et celle de feu. Cela déclenche une grosse explosion vaporale, aussi puissante que brève, qui propulse à toute vitesse la balle que tu auras précédemment placée."

-"Dans ce cas pourquoi il n'y a pas eut de bruit quand j'ai appuyé sur la détente tout à l'heure? Tu as dit que c'était bruyant, je suppose que cela vient de l'explosion de vapeur. Qu'il y ait une balle ou non."

-"C'est justement ça qui m'a, nous a, étonné. Il doit y avoir un disfonctionnement. On verra ça une fois arrivés à la prochaine ville, d'accord?"

-"Marché conclut!" s'exclama de joie la jeune fille, avant d'enfourner la moitié du dit pistolet dans son pantalon, à sa droite.

Bientôt, les compagnons arrivèrent à la fin des plaines, où les minuscules roches colorées ne s'étalaient plus, remplacées aussitôt par un sol sec et jaunâtre, ainsi que de beaucoup de roche marronée. Ce sol rugueux annonçait des montagnes de pierre, aussi inhospitalières qu'ardues à escalader. Car c'était bien là l'intention de Dyûl, aussi peu douée en grimpette soit-elle. Arrivés au pied d'une montagne, le groupe s'arrêta brèvement.

-"Bin, c'est là que ça commence. Jallie, je t'aurais bien porté, sans problème, mais il me semble que tu désires avant tout apprendre à te débrouiller seule. Alors bonne chance, car sache qu'ici, seul Dellas parvenait à grimper de tels obstacles à un si jeune âge, avec le nécessaire d'aisance", résuma le quadragénaire.

Cette phrase se solda par un clin d'oeil et un encouragement de Dyûl, qui précisait que c'était une première pour elle aussi, alors que Dellas avait déjà disparu de la vue du groupe restant. En effet la monté était rude. Si dure, que la jeune fille pensa à l'abandon. Mais que ferait-elle? Les laisser monter et s'en aller? Seule? Pour aller où? Et elle était là pour apprendre à se débrouiller. "Soit forte", avait dit Tilia. Elle le serait, et comme Joll l'avait dit, la force commence dans le mental.

-"Ca va, tu vas y arriver?"

-"Oui... T'inquiète", bredouilla Jallie sous l'effort. Elle planta son pied sur une sallie."Au fait je suppose que tu as une bonne raison de nous faire traverser ses montagnes par en haut, et j'aimerais la connaître."

-"Bien", répondit Dyûl en se callant contre une forme arrondie de roche en relief."Il se trouve qu'à un certain point, le sol est très très bas. Peu de d'endroits permettent de remonter, et la brume y est installée 32 heures sur 32. Sans oublier les monstres dangereux qui adorent y rôder. Des questions?"

-"Non, je grimpe."

Finalement, Dyûl et Jallie arrivèrent toutes deux dernières, à un stade où la marche était possible, à l'intérieur du pic de roche, formant un trou presque rond. Un petit tunnel de 5 mètres menait à un chemin large d'environ quatre, qui se rétrécissait ou s'élargissait à son grés. Il menait à d'autres pics, percés eux-aussi, probablement par des humanoïdes, afin de rendre la traversée "plus simple".

-"Aller", lâcha Zacri en avançant, suivit par deux femelles essouflées au possible.

-"Allons-y Jallie, maintenant on est tranquille pour le moment."

-"C'est un encouragement ça?"

Dyûl laissa derrière elle un rire presque forcé. Le groupe marcha alors sur le chemin de roche, élevé à quelques 200 mètres au-dessus du sol. Et cette fois-ci, ils étaient bien les seuls voyageurs à emprunté cet itinéraire.

-"Et que faisiez-vous ici, quand Dellas avait mon âge?"

-"On venait s'entraîner", sourit largement Joll."Ce genre d'endroit aguérrit bien."

-"Tu as enmenné ton fils de quinze ans grimper de tels pics rocheux??" reprocha presque Dyûl, l'air scandalisée.

-"Y a pas d'âge pour devenir super balèze!"

-"Haha, bien dit!"

Sur ces mots, Zacri tapa la main de Joll.

-"Je suis heureuse de ne pas être ta fille, vraiment..."

-"La nuit commence trop à tomber. Cette endroit est parfait pour dormir non?"

Blaudé interrompit la conversation. Elle désignait la petite grotte en face, dont l'entrée et la sortie étaient séparées de cinq mètres environ, laissant un refuge large à disposition des passagers.

-"Oui, allons-y alors", répliqua Jallie."Je suis fatiguée moi."

-"Oh m'en parle pas!"

-"Et c'est ça qui va rayer Doln et Sahon de la carte?"

-"Joll, commence pas hein!" s'agaça faussement l'harnassienne aux cheveux de minuit.

Une fois installés dans de petites couches tout droit sorties du sac enchanté de Dyûl, les six compagnons s'endormirent. La nuit elle, fut froide, l'altitude et le vent formant une potion glaciale. Le sifflement du mistral jouait une berceuse enfantine, alors que les héros de demain se reposaient en prévision des évènements à venir. Le lendemain matin, fidèle aux traditions, Joll et Zacri entraînaient leur muscle alors que les quatre dormeurs... eh bien... dormaient. Il ne devait même pas être 9 heures, le soleil n'étant même pas levé, alors que l'altitude permettait de le voir plus tôt, assurément. Cependant tout le monde ne fut pas aussi fidèle aux traditions. Dellas se leva juste après Jallie, alors que les cinq amis attendaient le réveil de... Dyûl Leonarde.

-"J'en connais une qui a eu du mal a grimper."

-"Elle est forte. Elle sait faire face à tout. Et elle a un coeur plus que bon. J'ai confiance en elle, jusqu'au bout."

-"Une magnifique déclaration Blaudé, dommage qu'elle soit pas levée pour entendre ça", plaisanta à moitié le jeune combattant en armure divine.

-"En tout cas Jallie, tu as une discipline exemplaire pour ton âge, surtout avec les efforts que tu as fournis hier. T'as un bon avenir devant toi!" complimenta Dellas.

Jallie acquiesça, flattée.

"Bon, j'ai bien une idée pour que l'on avance plus vite, moi", chuchota Joll.

-"Mmh?" fut la réplique de son fils unique."Je vois... Alors on y va non?"

Joll avait doucement placé l'harnassienne à la montagne dormant sur ses larges épaules, permettant à sa jeune amie de continuer sa nuit, sans avoir à son réveil la sensation amère d'avoir ralentit le groupe qu'elle était supposée mener. Une bien délicate attention, qui aurait un effet limité. La jeune femelle se sentirait tout de même coupable d'avoir laissé son oncle adoptif la porter comme un bébé. Mais bon, elle était comme cela.

-"Quand lui est venue cette idée de sauver le monde?" s'enquit Joll, sous un volume peu élevé et une marche ralentie.

-"Quand elle a apprit pour l'attaque de Sahon sur l'île de Manda. Mais je crois bien qu'elle y réfléchissait depuis un moment", répondit Zacri sur le même ton.

-"Ces monstres, quelle plaie", soupira Blaudé.

-"C'est vrai qu'un monde sans Doln, Sahon, démon des cieux, vianasins, gehabros, tous ces trucs de La Faille, ce serait bien..."

-"Détrompes-toi, Jallie, les gehabros, eux, étaient déjà là avant La Faille."

-"Ah bon? Je croyais que les monstres venaient tous de La Faille?"

Joll fit d'abord signe à Jallie de descendre d'un ton. L'étonnement de la jeune fille lui fit oublier l'état endormi de sa compagne de "marche".

-"Non. C'est l'église sirionîte qui aime bien exagérer les choses, dans ses intérêts bien sûr. Mais certains étaient déjà là, un bon nombre. C'est justement ça, en grande partie, qui me fait croire durement que ces monstres viennent de quelque part, un endroit à l'accès fermé jusque là, quelque chose dans le genre. En tout cas certainement pas la cupidité ou toutes ces conneries des sirionîtes."

-"Ah... oui, c'est un point de vue qui se défend..."

Soudain, Dyûl se réveilla, aussi délicate et innocente qu'une fleur naissante. Elle regarda en premier lieu le visage presque serein de son porteur, puis tourna la tête vers Zacri et Dellas, devant.

-"Tu es réveillée, ma petite? Je te pose."

-"Qu'est-ce qu'on fait là?" demanda la jeune femelle, une fois les pieds à terre.

Les yeux plissés et l'air ébêté de l'harnassienne arracha un petit rire coquin à la kallato, suivie très vite par Dellas.

-"Ha, il semblerait que tu aies été très fatiguée. Alors on voulait pas t'embêter, ni attendre."

-"SURTOUT pas attendre, hein 'pa?" s'amusa Dellas.

-"Héhé!"

-"Bon, alors continuons maintenant. Désolée de vous avoir tous ennuyés, surtout toi, Joll l'impatient."

-"Bah, t'inquiète pas ma chérie, c'était rien. Allons, continuons la route, allez."

La marche reprit son cours normalement. Bientôt le groupe d'aventuriers fut ammené à grimper à nouveau pour continuer à traverser les pics rocheux. Un chemin semblable, constitué de petits tunnels et de passages rocheux d'un pic à l'autre, se présenta à eux. La grimpette était d'une dizaine de mètres tout au plus, cette fois-ci. Jallie s'en sortie mieux, contrairement à Dyûl. "Chacun ses talents et ses points faibles, à toi de les trouver et de tous les renforcer", lui disait Joll étant petite. Plus loin, il fallait contourner les pics non-creux en les longeant sur des saillies étroites. Une action peu enviable, la peur du vide tenant Jallie et Dyûl par les tripes. Même Blaudé ressentait cette peur, car elle aussi n'avait pas l'habitude de grimper ce genre d'endroit. Elle avait grimpé un tas d'obstacles et de petites collines du temps de l'académie de Foranon, mais de tels pics, aussi hauts, c'était complêtement différent. Malgré tout elle parvenait encore et toujours à masquer son ressentiment. Une fois revenus sur un chemin rocheux, les compagnons étaient de nouveau rassurés, ou presque.

Ils marchèrent au milieu de cette étendue chaude et minérale. Parfois les pics formaient une chaîne, parfois il fallait presque en descendre d'un pour pouvoir atteindre l'autre. Et il y avait de grands espaces vierges de tout pics rocheux, où l'on pouvait observer le sol lointain, tantôt, et tantôt y voir un vide brumeux tout sauf rassurant. Dyûl ne remit, cependant, jamais son objectif, sa mission en question. Sa foi inébranlable la guiderait, jusqu'au bout du monde. A ce moment-là, ils traversaient un grand tunnel dans un pic, et ils ressortirent en voyant sur leur gauche une étendue plate de roche et de terre. Plus loin un grand pic, et deux petits. Heureusement la chaîne de cônes rocheux qu'ils empruntaient continuait toujours plus loin, du moins, aussi loin que leur vue se perdait. Ils grimpèrent encore une vingtaine de mètres, et continuèrent la marche sur les chemins rocailleux surrélevés. Ils devaient bien être à plus de 400 mètres de haut depuis. C'est alors qu'un tremblement se fit ressentir, accompagné d'un bruit de roche crépitante, au loin. Les airs ébahits des aventuriers fixèrent le sol en contrebas, à l'horizon. La terre s'enfonçait, puis un bloc de roche remonta à la surface. Il était énorme, et ne s'arrêtait pas d'émerger du sol. Quelle taille pouvait-il bien faire? Leurs interrogations ne fit que grandir. Excepté pour Blaudé, qui prit un air... soupirant. Elle savait ce qui arrivait, l'ayant déjà vécu autrefois. Comme elle s'y attendait, une gigantesque main rocheuse sortie du sol. Cette roche-là était différente, plus sombre, presque noire. Deux bras rocheux apparurent ensuite, la tête de golem fut suivit d'un corps rocailleux et raide. Le géant de pierre apparut alors, debout sur ses pieds, culminant à plus de 500 mètres de haut, avec une largeur en conséquence. Il commença à se mouver, paisiblement, comme si il était chez lui, ce qui n'aurait vraiment pas étonné le groupe.

-"C'est comme cela qu'il se déplace sans qu'on sache d'où il vient, où il va, et sans que l'on sache où est son refuge, l'endroit où il vit."

Tout le monde se retourna vers une Blaudé explicative, qui conservait son air calme.

"Mes amis, je vous présente le dévastateur du grand continent, le destructeur des villes Salfiennes. Je vous présente Doln."

L'air incrédule, Dellas et Zacri se retournèrent vers la créature. La vue du golem semblait par dessus tout, dégouter Joll et Dyûl. Mais la plus surprise fut sans nul doute possible la jeune humaine à queue. Jallie avait l'oeil hagard et la bouche pendue comme un sac de pomme. En tout cas, tous furent rapidement extirpés de leurs pensées, quel qu'elles furent.

"Nous devrions vite nous ôter de son champ de vision", déclara alors Blaudé, en avançant d'un pas décidé.

Elle fut immédiatement suivie de ses cinq compagnons. La vue d'un de leurs ennemies principaux avait affecté chacun d'entre eux. Même Joll l'expérimenté. Même Zacri le guerrier. Même Dellas l'arrogant. Tous. En effet dire que l'on veut tout faire pour éliminer de si grands fléaux est une chose, mais avoir le dit fléau devant soi en est une autre, totalement différente. C'était cela, la chose qu'ils allaient affronter. Cet énorme golem à la taille jamais vue auparavant. Et voilà comment il se débrouillait, pour ne pas être suivit, ne pas être prévisible, ne pas se faire tendre d'embuscade. Il avait la faculté de pénétrer dans la terre. Y avait-il un lien avec le fossoyeur? Probablement pas. Le fossoyeur entrait dans la terre de manière fluide, magique, comme détaché du monde matériel. Doln le faisait de manière physique, il parvenait comme à séparer la roche qui le constituait pour entrer dans le sol. Il n'y avait probablement aucun lien entre eux. Probablement. Une fois dans une petite grotte, à l'abris du géant, Dyûl fut celle qui brisa le silence.

-"Au moins nous avons appris une chose important : il se déplace en pénétrant le sol. Je ne pense pas qu'il puisse le faire autre-part que dans un sol rocheux. Ou au moins un sol de terre. Un autre type de sol ne lui permettrait pas de s'y enfoncer ou d'en sortir."

-"Personnellement je ne trouve pas rassurant le fait qu'il se ballade sous terre. Il peut être n'importe où, n'importe quand. Et on ne connaît pas sa vitesse de déplacement. Et si il se déplaçait aussi en séparant son être de roche? Ou peut-être même qu'il transfère son esprit d'une roche à l'autre, et qu'ainsi il peut se déplacer presque instantanément..."

-"Tu as peut-être raison, Zacri. Mais Dyûl n'a pas tort, on pourra, le moment venu, le combattre loin de toute terre, ou roche. Et ton raisonnement aussi nous aide. Car il me semble que lorsque je l'ai vu la première fois, il était constitué d'une roche plus claire, plus brune", apporta Blaudé à la réflexion commune.

-"Si on se débrouille pour le faire apparaitre à un endroit ou la roche du sol est plus fragile, et qu'on l'emmène dans un endroit où la terre et la roche sont absentes du sol... Ca pourrait vraiment marcher!" s'exclama Dellas.

-"Je sais vraiment pas comment on pourrait l'attirer."

-"On trouvera comment plus tard, Joll, ne t'en fais pas. On avance très bien pour l'instant je trouve", positiva sa nièce adoptive.

-"Enfin pour l'instant on fait quoi? On attend qu'il parte?"

-"Ca Jallie, je ne sais pas", répondit l'harnassienne."Qu'est-ce que vous en pensez vous autres?"

-"Tu sais ça ne m'étonnerait pas du tout que cet endroit soit un de ses refuges. C'est un lieu parfait pour un géant de pierre. Et puis nous n'avons pas de temps à perdre, plus vite on parvient où on veut aller, plus vite on arrêtera ces massacres-là", dit Dellas.

-"Je suis d'accord, on ferait mieux de continuer, en faisant attention à lui."

-"Evidemment que tu es d'accord, tu détestes attendre!"

-"Je suis d'accord", plussoya Zacri.

-"Moi je pense que c'est une mauvaise idée..." tonna Blaudé.

Dyûl regarda alors Jallie, hésitante.

-"Moi je ne sais pas. C'est comme vous voulez."

-"T'as une confiance absolue, à ce que je vois, je te signale que c'est ta vie qui est en jeu, alors tu ferais mieux de ne pas regretter ton choix", lui lança Zacri.

-"Vous êtes mieux placés que moi pour prendre la bonne décision. Alors je vous laisse le choix, oui."

-"Bien. Alors majorité emporte. Nous continuons."

-"Dyûl..."

Blaudé la fusillait du regard. Elle savait que si son amie ne donnait pas son avis, malgré la majorité évidente dans tous les cas, c'était pour ne pas prendre de position. Joll, Dellas et Zacri ne lui en voudrait pas. Si elle ne prenait pas position, c'était parce qu'elle pensait comme eux, et qu'elle connaissait bien le tempéremment de la kallato du groupe. Dyûl soupira en baissant les yeux.

-"Nous n'avons pas de temps à perdre, Blaudé. On s'en sortira ne t'inquiète pas."

-"Je suis là pour toi. Je te suivrai peu importe ta décision. Mais je t'en conjure, réfléchis à nouveau. Si il nous repère, on est morts. A ta place je ne prendrais pas cette décision sur un coup de tête."

-"Je sais que c'est en quelque sorte moi la meneuse du groupe. Mais chacun a son avis à donner."

-"Et chacun peu continuer seul", continua Blaudé en fusillant cette fois les trois mâles du groupe."Tu as bien entendu Zacri? C'est ta vie que tu mets en jeu si tu continues maintenant. Alors ne laisse pas les autres, impatients comme ils sont, prendre la décision à ta place. Regarde-moi! Tu sais ce que ce monstre a fait à tant de villes, alors crois-tu que nous pourrions lui échapper, nous? Six malheureux voyageurs? J'espère que tu plaisantes!"

-"Il n'a jamais été question de l'affronter ou de lui échapper. Mais de passer discrètement sans qu'il nous voit. Ainsi il ne nous fera rien."

-"Et depuis quand la discrètion est ton fort? Le miens? Celui de Zacri?,(bref rire), Celui de Jallie?" tempêta la magicienne en jetant un regard à la jeune fille.

-"Je peux être discrète si je le"

-"Oh, arrête s'il te plait. Prends conscience de tes capacités. Tout le monde a remarqué que tu cherches à cacher ta queue à chacun de tes mouvements. Eh oui, on l'a tous vu. Ce n'est pas ce que j'appelle savoir être discrète", s'exclama Blaudé avec retenue.

-"Blaudé, s'il te plait, calme-toi..."

-"Non, je ne me calmerai pas! Tu joues avec ta vie! Je te rappelles que tu as un grand projet, et fastidieux qui plus est. Tu n'es plus chouchouté sur Gesil, maintenant! Tu es dans le monde réel, dans tout... cela. Alors, Dyûl, réfléchis, s'il te plait", articula miticuleusement la kallato en fin de phrase.

Dyûl se tourna vers ses compagnons.

"Arrête de te retourner vers eux. Tu as voulu faire tout cela, à toi de prendre tes décisions seule. Rappelle-toi ce que tu m'avais promis."

-"Oui... Eh bien ma décision est prise dans ce cas. Je veux continuer. Contrairement à ce que tu sembles croire, on ne fait pas cela parce que les enfants que nous sommes n'ont pas envie d'attendre et tapent des pieds. On le fait parce que chaque seconde sauvée est une vie de plus sauvée. C'est notre but, je te rappelle. Alors toi qui me dis de prendre mes décisions seules. Tu sais très bien que cela me met mal à l'aise quand tu t'énerves, surtout sur moi. Alors arrête de me forcer à être de ton avis! On y va", conclut Dyûl en engageant la marche, mettant fin sèchement à la discussion.

Blaudé pouffa, mais suivit le groupe à contre-coeur. Jallie la regarda, puis Dyûl, l'air ébahie par la scène à laquelle elle venait d'assister. Dyûl s'énerver? Et Zacri, qui leur avait dit que Blaudé avait un tempéremment foudroyant. Ce n'était en effet pas qu'un jeu de mots concernant un de ses éléments de prédilection.

-"Eh, tu vois, tout n'est pas rose non plus, hors des couvents sirionîtes", chuchota Dellas, la main devant la bouche, pendant que lui et Jallie étaient en arrière du groupe.

Il se mit alors à imiter ses compagnons, qui courraient sur la pointe des pieds, fixant presque le sol, pour éviter de faire chuter des pierres. Jallie fit de même. En effet même si Doln était loin, le bruit ferait sans doute écho dans un tel lieu. Le groupe progressa, accélèrant l'allure lors des passages à découvert, soufflant un peu lors des ralentissement dans les courts tunnels, et les saillies contournant les pics non creux, du bon côté. Lorsque la sailie se situait du côté de Doln, le groupe tentait d'accélérer, mais très peu. Jallie et Dyûl pourraient tomber en se précipitant, c'est pourquoi Joll leur avait dit de faire très attention.

-"Mieux vaut qu'il nous voit, on aurait une faible chance de survie, que si vous tomber vous n'en aurez aucune."

Malgré tout, Jallie se sentie obligée de se dépêcher. De se précipiter plutôt. Oui car elle fit tomber une pierre plus grosse que son poing, qui ricocha contre la parois rocheuse du pic. Doln se tourna vers eux, figeant Jallie comme une statue.

-"Dépêche-toi, il faut nous cacher!", lui avaient crié avec retenue Dellas et Joll, murmurant.

Jallie accélèra, et le groupe courut vers une petite grotte, du genre de celle où ils avaient dormis. Ils le firent alors que le géant de pierre portant le nom de cupidité marchait vers le pic.

 

Ils se blottirent contre la parois pour éviter au maximum de se trouver dans le champ de vision de Doln. Ce dernier, sans bruit ni cri d'aucune sorte, regarda calmement les alentours, à la recherche des intrus. Il s'approcha alors du pic où le groupe se cachait. Il balança sa tête d'un côté à l'autre, vérifiant l'intérieur de l'ouverture formant une petite grotte. En voyant cette tête rocheuse dont un morceau dépassait de la parois, le groupe se mit à transpirer à grosses gouttes. Blaudé jeta son regard le plus noir à son amie harnassienne, qui ne le releva pas. Doln regarda de chaque côté plusieurs secondes, qui paraissaient être de longues minutes pour le groupe terrifié. Mais sa raideur et son volume l'empêchèrent de regarder le recoin ombragé dans l'ouverture. Et il repartit, faisant trembler le sol et les pics rocheux.



21/06/2017
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