The Cold Phoenix

The Cold Phoenix

Coupable...

Coupable...

Un homme était assis là, sur un banc, dans ce tribunal. Convoqué à cette séance publique, il était accusé d'homicide brutal, et ne l'avait jamais démenti. Il faisait face à la juge avec une certaine lassitude au coeur des pupilles. La personne en face de lui avait été désignée comme apte à dire si oui ou non, un individu donné méritait telle ou telle sanction. Sans savoir le pourquoi du comment, sans pouvoir réellement se mettre à la place d'une personne stressée par l'instant, sans pouvoir comprendre tout un chacun. Celui qu'il avait tué était populaire dans le coin, c'était un tout gentil que personne n'aurait imaginé faire du mal à quelqu'un. 

Au fond, qui serait de son côté à lui?

 

Sa mère était parmi le public venu en masse devant l'ampleur de l'événement. Sa mère était là pour lui en tout cas. Ou contre lui, il ne le savait guère. Elle avait les yeux emplis de larmes véritables. Ces gouttes d'eau salée par l'amertume de la situation hésitaient à glisser sur une peau qui commençait à sentir les ravages du temps. La dame ne savait que penser de son fils, de son acte. Qu'allait-il lui arriver? Sa vie serait-elle fichue à partir de ce jour maudit? Le méritait-il d'ailleurs? Un millier d'émotion traversait l'âme tourmentée de la femme de trois enfants.

Son père se tenait aux côtés de sa dulcinée, selon toute logique dramatique et affective. Cet homme qui avait pour habitude claire de tirer avant de parler était pourtant atteint du même mutisme que son épouse. Et comment pourrait-il en être autrement? Comment savoir que penser de son proche qui s'était rendu coupable de meurtre sur un autre être humain, alors que le proche en question ne savait peut-être même pas lui-même que penser de son acte. Le cinquantenaire ajusta les lunettes sur son nez. Il aimait son fils cadet.

 

L'aîné était aussi là, malgré un rendez-vous important prévu ce jour. Cela attendrait, car son frère serait jugé, il fallait être présent. Son esprit était saturé de question toutes lus morales les unes que les autres. Comment cela avait pu arriver, dans cette petite ville? Et pourquoi fallait-il que cela touche sa famille, qu'il chérissait tant?

 

Sa petite soeur était aussi présente, bien qu'à contre-coeur. Pour elle, son frère cadet n'avait aucune excuse, quoi qu'il en était. Quoi qui était passé par sa tête à ce moment fatidique, quoi qu'il juge important ou moins, quoi qu'il juge nécessaire. Un meurtre était un meurtre, et aucun phénomène ou processus psychologique quel qu'il soit ne pouvait justifier l'acte de son frère. L'acte de prendre une vie. L'acte de supprimer un cadeau de dieu, de mettre fin à l'existence d'une personne quelle qu'elle soit. Ses larmes coulaient, silencieuses et abondantes, témoignant de sa tristesse, de sa peine envers la famille du défunt. Ces malheureux verraient leur vie changer, peut-être plus qu'elle, en mettant en terre cet être aimé, transpercé par une lame.

 

Où était la justice dans tout cela?

 

Les proches du défunts étaient présents, s'alignant sur les bancs de gauche, tous pensant, tous doutant. Le visage de l'être aimé sincèrement hantant leurs pensées, plus encore que l'instant présent.

La juge était presque impassible, ne pouvant s'habituer à faire face à des gens qui avaient décidé à un moment ou un autre d'ôter une vie, quand ce n'était pas plusieurs... L'homme qui lui faisait face avait un drôle d'air, pour un meurtrier. Il n'avait pas un réel remord sur le visage, ni un certain plaisir déchiffrable dans ses traits. Non. Il sembla presque songeur. Il n'avait pas non plus cette absence dans le regard qui caractérisait les tueurs en séries complètement sociopathes.

En réalité, presque tous ceux présents dans cette salle gardait un oeil vaillant sur ce meurtrier. Retrouvé par les policiers à côté du corps ensanglanté du défunt et avec un couteau dans la main, ses aveux immédiats n'avaient été qu'une formalité facultative. Pourquoi ce jeune homme sans histoire en était arrivé là? C'est bien cela qui les fascinait tous paradoxalement, savoir ce qui se passait dans la tête de ce tueur, savoir pourquoi il avait tuer, et comment il avait choisit sa victime.

 

Pourquoi avoir tuer quelqu'un à côté d'une vieille maison faisant office de squat à on-ne-savait-qui, sur un trottoir longeant une petite route. Pourquoi une telle brutalité chez ce jeune homme qui paraissait sain d'esprit à première vue. Pourquoi avoir fait cela, certes en pleine nuit, mais dans un lieu public et un minimum fréquenté, à la vue de tous...

L'appel anonyme était venu d'un voisin, qui n'avait rien vu à la scène. Mais  ce dernier avait bien dit aux policiers qu'il avait entendu des cris aigus. Pourtant il s'agissait de deux hommes ayant mués.

De plus le coup de couteau avait été donné dans la tempe droite, pourquoi avoir frappé ici?

Cet homme qui se tenait devant eux était étrange.

 

-"Qu'avez-vous à dire pour votre défense? Pourquoi avoir tuer la victime?" demanda finalement la juge, au bout d'un long moment de silence.

Le meurtrier avéré remua son esprit en préparant soigneusement les mots qu'il prononcerait à cet instant. Il utilisa une phrase calculée avec précision.

 

-"Je préfère être ici pour meurtre que pour non-assistance à personne en danger."



26/09/2016
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