The Cold Phoenix

The Cold Phoenix

Chapitre 2 - CdS tome 1

Chapitre 2 : Le sada hamere

 

Les trois compagnons marchaient depuis peu.
-"Dites-moi, où allez-vous?" se renseigna Jallie.
-"Nous allons sur l'île de Gesil. C'est une île de l'archipel de Nasakua, qui est située au nord-ouest d'ici, et de Salfia en général", répondit Joll.
-"Pourquoi vous voyagez?"
-"Nous... cherchons ma mère. Elle a disparu. Elle allait rendre visite à des amis sur cette île. Elle n'est pas revenue. Cela fait longtemps, alors nous sommes venu la chercher."
-"Ah... Vous n'avez pas peur qu'elle soit morte?" émit Jallie, se rendant compte trop tard qu'elle manquait cruellement de tacte.
-"Ornael est une femme forte. Je ne pense pas. Nous la trouverons, un jour ou l'autre", répondit calmement Joll.
-"Au fait c'était une belle démonstration tout à l'heure Dellas!" s'enjoya Jallie pour changer de sujet.
-"Pas sûr qu'un jour tu arrives à en faire autant", dit-il en lui adressant un clin d'oeil.
Dellas Gomfore était un jeune homme de taille moyenne, aux cheveux chataîn clair, très souriant. Il avait des yeux marrons, et était vêtu d'une armure de cuir légère et de vêtements de couleurs exotiques. Il portait à l'épaule son arc, dans son dos se trouvait un carquois de flèches bien rempli et un petit sac, et à sa taille étaient rangés deux dagues. Il avait aussi des couteaux de lancer attachés sur le torse.
-"Pour ça il faudrait d'abord voir son appartenance", déclara Joll.
-"Mon appartenance?" répéta la jeune fille.
-"Oui. L'appartenance est le style de combat d'une personne, pour simplifier. Il y a différentes appartenances. Nous en connaissons 5, mais ce sont simplement des regroupements, ils sont non-exhaustifs et certaines personnes ont des pouvoirs uniques qui n'y sont pas classés, et n'y seront peut-être jamais", expliqua Joll.
-"Et comment trouve-t-on son appartenance?"
-"C'est ce que tu as envie de faire, ce qui te correspond."
-"Et vous, vous êtes quoi par exemple?" demanda Jallie, curieuse de tout cela.
-"Eh bien Dellas est un dlarito, cela signifie <<artificiel>> et <<to>> est l'équivalent du suffixe <<er>> de notre langue, désignant celui qui pratique. Un dlarito est un combattant qui utilise des armes ou son propre corps pour combattre. Il existe de nombreuses spécialités. Dellas est spécialisé dans l'utilisation des lames courtes et des armes de distances comme tu peux le voir."
-"Et vous?"
-"Moi je suis à la fois dlarito, spécialisé dans le combat à main nue, et levito, <<levi>> signifiant sceau. Un levito utilise des sceaux pour lancer un peu de tous les sorts, ça dépend. Pour cela le levito touche un sceau précis et lié à un sort, pour ensuite l'envoyer. Très souvent les sceaux sont tatoués sur le corps du levito, comme tu peux le voir sur mon épaule et mon torse. Mais certains utilisent des sceaux sous forme de parchemins, ou un peu des deux."
-"C'est génial! Qu'y a-t-il d'autre? Quels sont les 3 autres?" demanda Jallie, impatiente.
-"Les Daffilesto, Hazato et Kallato. Je te les expliquerai en temps utile. Quand tu auras appris ce que chacun est, tu pourras souvent reconnaître l'appartenance d'une personne en la voyant. Tout le monde sait que Dellas est un dlarito agile en le voyant. La langue utilisé pour les noms d'appartenances, entre autres, est"
-"L'ancien Galter, je sais. On m'en a souvent parlé au couvent", interrompu Jallie.
-"Bien. Mais tu devras aussi découvrir quel est ton élément de prédilection. Cet élément est celui avec lequel tu as une affinité. Tu ne le choisis pas", expliqua Joll.
-"Et comment je saurai lequel c'est?"
-"Tu sentiras quelque chose de spécial en contact avec lui. Tu comprendras quand tu le croiseras", répondit alors Dellas.
-"Et vous c'est lequel?" demanda Jallie pendant qu'une charrette passa à coté d'eux en les saluant, salutations rendus.
-"Le miens c'est le feu, aouille!" répliqua Dellas en mimant une brûlure.
-"Le miens est l'eau. Bien plus agréable", enchaîna Joll en regardant Dellas avec un air sarcastique.
-"Arrête tes bêtises sérieusement", répliqua Dellas en tentant de pousser son père de l'épaule. Ce dernier esquiva et l'attrapa par le cou pour mîmer un étranglement en lui frottant le cuir chevelu."Aïe arrête!, c'est bon!"
Les père et fils étaient joyeux, et cela faisait très plaisir à Jallie qui n'avait connu que le sérieux et la piété des pejûls. Elle se mit à rire nerveusement. Elle sentait déjà un bon voyage s'annoncer avec cette rencontre, aussi hasardeuse que productive.
Plus tard durant le voyage; quand la nuit commença à tomber, Jallie demanda à Joll comment ils se dirigeaient.
-"A l'aide d'une boussole, bien sûr! Et d'une carte! Tiens regarde", répliqua Joll en déroulant une carte devant Jallie. Nous sommes ici", dit-il en désignant à quelques millimètres près le couvent de Bafalsa, qui se situait au sud. "Notre but est cette île", continua-t-il en montrant l'île la plus au nord-ouest de l'archipel de Nasakua."Nous traverserons plusieurs îles avant d'y arriver. Des questions?"

 

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-"Non c'est bon", dit Jallie en souriant.
Joll était quelqu'un de chaleureux. Elle le sentait.
-"Tant mieux parce que moi j'ai la dalle!" lança Dellas.
Jallie se demandait ce qu'il voulait dire par là, quand elle aperçu une charrette tirée par deux créatures très étranges. Ces créatures étaient poilus, mais pourtant possèdaient des ailes, qui apparemment ne volaient presque pas. Elles battaient de leurs ailes pour maintenir leur corps droit, leurs pattes arrières étant disproportionnées par rapport à leur très grandes pattes avant. Ces bêtes étaient munies de griffes et de becs étranges, comme courbées vers le bas. Leur pelage bleuté était très beau et à l'apparence douce et chaude. Quand la charrette s'arrêta elle resta bouche bée devant ces créatures.
-"Surprise?" remarqua Joll."Cela s'appelle des berlegues. Ce sont les principales montures sur le grand continent."
-"Le grand continent?"
-"Oui, c'est le continent principal de Salfia. Un nom qui manque d'imagination n'est-ce pas?" fit Joll en souriant. Pendant ce bref instant, Dellas parlait au marchand ambulant.
-"Bonjour, nous voudrions trois grands bols de soupe de chihag s'il vous plait", demanda poliment Dellas.
-"Bien sûr", répondit le marchand en descendant de sa charrette."Cela vous fera 18 chri". Le marchand sortait les bols d'une caisse de sa charrette pendant que Dellas lui préparait l'argent."Vous avez de la chance", dit-il,"elles sont encore bien chaudes!"
-"Parfait!" s'écria Dellas, visiblement ravi.
Les deux hommes firent l'échange, puis le marchand rondelet remonta sur sa charrette.
-"Bon appétit, mes amis!" cria le marchand en partant.
-"Tiens", dit Dellas en tendant les trois bols à son père."Regarde ça Jallie", enchaîna-t-il en montrant une pièce de couleur bronze."Ceci s'appele un chri. C'est la monnaie de tout Salfia, prend-le! Ce sera ton premier!" dit-il en lançant la pièce à Jallie qui la rattrapa de justesse.
-"Merci."
-"Allons manger, on se trouve un bois confortable, et on dort", intervint Joll.
-"Bien parlé!" répliqua Dellas.
Trois bols. Jallie fut quelque peu émue de voir que les deux hommes lui avaient achetés sa nourriture.
-"Ce marchand était gentil", remarqua la jeune fille.
-"En ces temps, tout le monde essaie de garder le sourire, le contact avec les autres en est le meilleur moyen. Saleté de Doln", dit Dellas.
-"Au fait, qui est Doln, exactement?" interrogea Jallie.
-"Tu veux dire qu'est-ce que c'est", réctifia Joll en s'asseyant contre l'arbre qu'il avait choisit."C'est le monstre gigantesque qui dévaste des villes depuis La Faille. Je ne sais pas à quoi il ressemble, je ne l'ai jamais vu. C'est une vraie plaie. Au moins quand on ira en mer, on aura plus aucune chance de le croiser. Et ça ne me dérange pas."
-"Tiens", dit Dellas en tendant un bol à Jallie.
-"Merci beaucoup. Vous êtes des gens géniaux. Mais au fait, c'est quoi le chihag?"
-"De la viande pour faire simple", dit Joll.
-"Ah". Elle gouta une gorgée de soupe."C'est très bon!"
-"Faut dire que la nourriture des couvents doit pas être fameuse... Mais c'est vrai que c'est bon", dit Dellas en souriant.
-"Nous sommes à coté de la route, demain nous serons sans doute réveillés par une charrette. Nous nous entraînerons un peu avant de partir", prévu Joll.
Jallie avait déjà fini son repas, car elle était affamée. Elle regardait Joll. C'était un homme qui imposait assez sa présence. Il était un peu plus grand que son fils, et était très bien bâti. Il avait des longs cheveux noirs coiffés en dreadlocks pas très épais. Ses yeux étaient marrons, d'un marron profond. Il possèdait des gants de cuirs et rien d'autre en haut. Il avait des tatouages sur l'épaule droite et le torse, sûrement ses sceaux. Il portait des bottines de cuir, un pantalon noir large, et avait quelques morceaux de cuir en lamelle accrochés à la ceinture. A la gauche de sa taille, il portait une gourde bleu clair, remplie d'on ne sait quoi. Dellas l'interrompu dans ses pensées.
-"Tu as mangé bien vite, dis! Tu ne le montrais pas mais tu avais très faim!"
-"Oui, c'est vrai", admit-elle avec un petit sourire gêné.
-"Tiens prend le reste, tu en as plus besoin que moi. Comme le dit mon père, il faut manger pour grandir et être fort comme un boeuf!"
-"Euhmm.. merci Dellas."
Plus tard les compagnons s'endormirent tous trois, Jallie la première.
Le lendemain matin Jallie se réveilla. Elle entendait le bruit d'une charrette au loin, probablement passée. Bizarrement, elle était seule. Soudain une tête à l'envers apparut devant la sienne. C'était Dellas.
-"Alors, bien dormis?" s'enquit-il joyeusement.
-"Très bien..." elle remarqua qu'il était pendu à une corde."Comment tu fais ça?"
-"Eh bien j'ai une flèche encordée, accrochée à ma ceinture. C'est très utile pour se frayer son chemin. C'est quoi ça?" poursuivit-il en lui enlevant son collier.
Il le fit en une seconde, sans qu'elle le sente vraiment.
-"Eh! C'est personnel, rend-le moi!" s'exclama la jeune fille qui tentait de reprendre son bien. Mais Dellas évitait sa main avec une aisance remarquable... même déconcertante.
-"Ici! Non là! Va falloir être plus rapide si tu le veux vraiment! Haha!"
-"La plaisanterie a assez duré. Rend-le moi."
-"D'accord tiens", dit-il finalement en retombant à terre."Tu as l'air d'y tenir dis-moi."
-"Oui, c'est le souvenir d'une amie chère."
-"Dans ce cas garde-le précieusement."
-"Où est Joll?"
-"Il est allé te chercher quelques trucs. Et si je t'entrainais à l'arc en attendant?" proposa le jeune homme en souriant.
-"Volontiers", répondit immédiatement l'adolescente.
Elle était contente d'enfin apprendre à se défendre. Les deux jeunes gens marchèrent quelques mètres avant de se placer face à un gros arbre à l'écorche rugueuse. Dellas montra à Jallie comment tenir l'arme.
-"Tu le tiens comme ça, tu tires la flèche vers toi et... tu la lâches d'un coup pour qu'elle s'élance", expliqua Dellas en tirant sur l'arbre."Tu vois ça?" dit-il en récuperant sa flèche,"ce trou sera le centre de la cible, ton but."
-"Très bien!" infirma Jallie en prenant l'arme.
Elle le tenait et se rendait compte qu'il était un peu grand pour elle. Elle remarqua aussi en tendant la corde, que cela était bien plus dur qu'elle le pensait. Elle tira et la flèche atterri au pied de l'arc. Dellas eu un fou rire. Jallie le regarda une fraction de seconde sans rien dire, puis recommença.
-"Tiens le droit jusqu'au bout, sois ferme!"
Jallie écouta les conseils de Dellas et tira une second flèche. Celle-ci atterri sur l'extrêmité droite de l'arbre. Dellas ricana. Une voix sortit de derrière Jallie.
-"Qui était tireur d'élite à son âge?" intervint Joll.
Il portait un sac et quelque chose d'attachée dans son dos.
-"Eh bien moi", répondit calmement Dellas.
-"Elle ne s'est pas entrainée pendant des années, elle."
-"Pas faux."
-"Entraîne-toi, Jallie, et tu deviendras forte. Et surtout n'oublie pas: un combattant sait être humble. Dellas lui ne le comprend pas vraiment. J'espère que toi tu le feras."
-"Oui je le ferai. Je n'oublierai pas d'où je viens."
-"Parfait, j'ai quelques choses pour toi", annonça Joll en souriant et en deposant son sac, il sortit ce qu'il avait dans le dos."Voilà une arbalète. C'est globalement plus précis et plus facile à manier qu'un arc. Et voici un poignard. Ca te servira si tu es en danger."
-"Merci beaucoup. Je ne sais quoi vous dire..."
-"Tu m'as l'air de quelqu'un de sincère et qui connait la valeur des choses. C'est un plaisir de t'avoir avec nous."
-"C'est vrai on t'aime bien!" intervint Dellas.
-"Merci, moi aussi je vous apprécie."
-"Et j'ai autre chose. Des échantillons. On va savoir quel élément est le tiens."
-"Comment on va faire??"
-"Simple. Tu vas les mettres un par un sur le coté droit de ta poitrine. C'est là que se situe l'âme et l'énergie interne, ou maul vitarri, en ancien galter."
-"D'accord", acquiesça la jeune fille en faisant un oui de la tête.
-"Il y a 9 éléments. Le feu, la glace, l'eau, la foudre, la terre, l'air, la lumière, l'obscurité, et le chaos. Ce dernier est une sorte d'énergie rouge et noir, infligeant de gros dégats et est certainement le plus puissant de tous. C'est aussi le plus rare. Les 8 autres se valent à-peu-près", commenta Joll avant de renverser le sac sur le sol."A toi."
-"Oui."
Jallie commença par prendre un petit tissu trempé. Elle le plaqua sur sa poitrine et attendit quelques secondes. Rien ne se passa. Elle reposa le tissu un peu plus loin. Dellas et Joll la regardait sans rien dire. Elle prit ensuite la bougie, elle n'eu pas le temps de dire que celle-ci était éteinte que Dellas fit un geste de la main qui l'alluma. Elle l'approcha alors de sa poitrine à quelques centimètres. Rien. Elle la reposa et passa à une boule de terre. Rien non plus. Elle ramassa alors une petite boule noire. Visiblement l'artefact contenait de l'énergie obscure. Il ne se passa rien une fois de plus. Elle passa alors à un bout de métal légèrement éléctrifié. Elle se demanda alors où Joll avait pu trouver tous ces objets. Elle plaqua le morceau sur sa poitrine. Elle ressentit la même tension que dans sa main, rien de plus. Elle prit alors un petit glaçon et recommença l'opération. Elle sentit un mouvement indescriptible dans sa poitrine, comme des vents, une boule de vents... En voyant son visage surpris, Dellas prit la parole.
-"La glace, tiens. On va peut-être pas s'entendre finalement..."
-"Très bien!" s'exclama Joll,"la glace est un élément honorable, ils le sont tous."
-"Super... Qu'est-ce que ça signifie?"
-"Eh bien ça veux dire que tu es plus résistante qu'autrui au froid. Et que comme Dellas te l'a montré, tu pourras utiliser le glace à ta guise, même la faire apparaître. Mais cela s'apprendra sur le long terme."
-"D'accord", acquiesça Jallie.
-"Bien, entraîne-toi quelques minutes avec ton arbalète, et nous partirons."
Jallie s'attela à la tâche. Elle sortit un carreau du carquois. Elle le planta sur la droite de l'arbre, un peu moins éloigné du centre que la dernière flèche. Le deuxième carreau alla un peu trop à gauche, mais c'était bien mieux. Le troisième alla presque dans le mile.
-"La chance du débutant", justifia Dellas.
Après quelques tirs déjà plutôt satisfaisants, les trois compagnons prirent la route ensemble. Quelques instants plus tard, Jallie ne pouvait déjà plus retenir sa soif de savoir.
-"Dis-moi Dellas, qu'est-ce que tu peux faire avec le feu??" demanda la jeune fille.
-"Pas grand chose à vrai dire. C'est loin d'être ma spécialité..." dit-il avant de lui faire une petite démonstration.
Dellas fit apparaitre devant lui une petite flamme de quelques centimètres de haut, flottant dans le vide.
-"Ah, et toi Joll?"
-"J'ai une certaine maîtrise, bien que je n'ai pas le niveau d'un kallato."
Joll commença à faire des mouvements larges et secs vers l'avant et de l'eau jaillissait en formant comme un fouet qui fendait l'air. Ces fouets étaient d'un bon mètre de long et d'environ 30 centimètres de large.
-"Waouh! Je pourrai faire ce genre de chose? Oui je le ferai, j'apprendrai à maîtriser mon élément, ça va être génial!" s'exclama Jallie.
-"C'est ça l'esprit!" rétorqua Joll, ravi.
Les trois compagnons rirent ensemble. Le soir commençait à tomber. Les compagnons marchaient toujours.
-"Dis-donc, on voit toujours pas le bout de cette forêt..." remarqua Jallie.
-"Elle est très grande, à l'image de notre monde", dit alors Joll.
-"Oui. C'est parce que c'est une forêt qu'il n'y a aucun village? Tout ce que j'ai vu pour l'instant c'est une maison isolée..."
-"Oui, il y a peu d'habitations dans la forêt de Bafalsa. Peu de gens osent s'écarter des routes ici..."
-"Avec ce qui m'est arrivé l'autre jour, je comprends pourquoi... Enfin viv"
-"Chut!" interrompit Joll en tendant l'oreille.
Les deux jeunes humains se turent. Joll attendit un instant avant de reprendre la parole.
-"Je pense que l'on est suivis. Je n'ai pas entendu grand chose, mais l'intuition ne trahit pas."
-"Oh non..." tressaillit Jallie, qui ne put s'empêcher d'avoir peur.
Bien qu'accompagnée, elle n'avait vraiment pas l'habitude des créatures, de plus la nuit tombait et le sentiment d'insécurité était palpable.
-"Quoi t'as peur?" répliqua Dellas en souriant, sur un air de défi.
-"La peur est signe de prudence. Restons sur nos gardes, c'est probablement un carnivore qui cherche son repas", conclut calmement Joll.
-"Dans ce cas il te mangera toi, y'aura plus de viande!" plaisanta Dellas.
-"Peut-être qu'un petit accompagnement lui ferait envie", plaisanta Joll avec un petit sourire narquois.
-"Il a pas intérêt d'essayer."
Voyant que les deux compairs restaient détendus malgré la probable menace, Jallie comprit que ces deux individus étaient habitués à tout ce genre de chose."Un jour moi aussi je serai comme eux" se dit-elle. Quelques centaines de mètres plus tard, Jallie commençait sérieusement à fatiguer.
-"On devrait s'arrêter pour aujourd'hui", proposa la jeune fille.
-"On va aller le plus loin possible, on est capable de chasser une bête de nuit, mais pas endormis", argua alors Dellas.
-"Ah, oui", répondit Jallie, comprenant l'imprudence de ses propos.
Les trois compagnons marchèrent pendant près d'une heure. Une heure oppressante pour Jallie, qui sentait encore la présence de la bête. Elle regarda discrètement des deux cotés de la route, et ne vit que des arbres sombres, qui avaient alors un air... sombre. Elle ne voyait pas grand chose d'autre que de la nuit, seule la petite torche artisanale fabriquée par Dellas lui permettait de voir à quelques mètres.
-"On va s'arrêter ici. Gardez un oeil ouvert", dit Joll.
Cette fois, les compagnons s'installèrent moins loin de la route, à une vingtaine de mètres seulement. Mais l'obscurité rendait la route invisible. Les trois compagnons étaient seuls dans l'obscurité.
-"Ravive la flamme de la torche Dellas, ça nous permettrais de voir, au moins jusqu'à ce qu'on s'endorme, et ça éloignera sûrement la créature", ordonna sagement Joll.
Dellas ralluma la torche d'un mouvement du bras, et la posa au sol, à un endroit vierge de végétation. Jallie regardait autour d'elle, l'inquiétude avait entre-temps grandit... être seuls au milieu de la forêt sombre, c'était effrayant. Elle cru apercevoir l'espace d'un instant... quelque chose de flou et de sombre, bougeant dans l'obscurité, rôdant tel un prédateur... c'était terrifiant. Elle cligna des yeux et plus une trace... même pas dans son champ de vision. Elle tenta de se rassurer en se disant que ce n'était qu'une illusion de son esprit apeuré.
-"Bon, essayons de dormir", dit Dellas.
Quelques secondes plus tard, un grognement agressif se fit entendre. Une bête surgit de l'obscurité et tenta d'attaquer Dellas. Heureusement ce dernier eu le réflexe de se lever rapidement et d'attraper une dague. Il frappa vers la bête mais celle-ci disparut en une fraction de seconde comme de la fumée noire.
-"Jallie, attrape ton arbalète et ton carquois!" lança Joll en se levant.
La jeune fille s'exécuta. Dellas ramassa la torche avec sa main gauche.
-"Qu'est-ce que c'est ça?!" demanda Dellas, paniqué.
Joll ne répondit pas immédiatement. Il regardait autour pour voir si la bête repassait à l'attaque. Quelques secondes plus tard il répondit à la question de son fils.
-"C'est un sada hamere, littéralement ombre loup en ancien galter. C'est un gros loup capable de se téléporter à courte distance", expliqua-t-il en scrutant les alentours."Je ne m'attendais pas à ça, je n'en avait jamais vraiment vu un... faites très attention, c'est un dur-à-cuire."
Jallie ravala sa salive. Elle restait assez calme vu la situation, du moins, physiquement. A l'intérieur elle était pétrifiée. Voyant que Dellas et Joll étaient eux-mêmes inquiets, elle avait compris à quel point le danger était réel. Le sada hamere attaqua à nouveau. Cette fois, il visait Jallie. Celle-ci parvint de justesse à se tourner et à tirer un carreau à bout portant sur la bête, qui se téléporta un mètre à droite de Jallie, devant Dellas. La créature attaqua de nouveau le jeune homme, en poussant un grognement terrifiant. Dellas parvint a esquiver vers la droite mais le loup fit tomber la torche du jeune homme qui s'éteignît avec le choc. La peur prit alors totalement Jallie. Elle était dans le noir avec cette créature de la nuit. Le sada hamere ne grognait pas, il était donc presque impossible de savoir où il se trouvait. C'est ainsi que Jallie comprit que la créature était intelligente, et patiente... elle se comportait comme le ferait un chasseur, chaque chose était prévue pour être efficace au maximum.
-"Dellas, rallume la torche!!", hurla Joll, dont la crainte commençait enfin à se faire ressentir.
-"Je la vois pas!" dépêcha le fils, aussi stressé si ce n'est plus.
-"Bouge-toi!"
Eclairé d'une flamiche dans la main, Dellas cherchait à tâtons la torche là où il l'avait vu tomber. Soudain il sentit une odeur forte, l'odeur de la gueule d'un animal. Il frappa immédiatement face à lui, et entendit alors un grognement de douleur. Le grognement était assez faible, ce qui indiquait que la frappe n'avait pas entièrement touché sa cible. Il ramassa un instant plus tard la torche qu'il ralluma d'un geste de la main. La lumière éclaira les alentours mais le sada hamere avait encore disparut. Jallie se collait à Joll, qui lui mit la main sur l'épaule pour la rassurer. Elle se décolla aussitôt et prit un air assuré. Soudain elle fut bousculée par Joll, ce dernier s'était fait sauter dessus par le sada hamere, qui s'était téléporté pour le mordre. Elle vit alors Joll en train de se faire mordre par la bête, et tira aussitôt un carreau au niveau du ventre de la créature. Mais s'elle-ci se téléporta près de Dellas qui frappa de sa dague et toucha le loup au nez. Mais il avait frappé trop tôt, et n'avait donc touché le nez que légérement, quoique plus que la première frappe. Jallie regardait Joll, choquée. Cette grosse morsure laissait voir la forme de la mâchoire sur le bras musclé du combattant.
-"Ca ira!" cria-t-il.
La bête rôdait autour du groupe. Elle rattaqua. Jallie était visée, elle avait oublié de recharger son arme. Elle vie la gueule de la bête s'ouvrir pour la mordre, mais celle-ci fût frappée sur les deux flancs. A sa droite, une flèche de Dellas qui l'avait transpercée au niveau du torse, à sa gauche, un fouet d'eau lancé par Joll. La bête blessée s'écroula au sol devant Jallie, qui s'empressa de sortir son poignard et de lui enfoncer dans le crâne. Mais la créature se téléporta quand même au dernier moment et disparut encore du champ de vision des trois compagnons. Jallie rangea son poignard et reprit en main l'arbalète qui pendait devant elle, attachée à son buste par une bandouillère. Sa terreur en était à son paroxisme, et le motif était simple: elle avait vu à quoi ressemblait vraiment le sada hamere. Le gros loup avait des poils noirs et très fins, et longs. Ses yeux était d'une lueur rouge bluffante, et il était entouré d'une éspèce de flamme violet sombre, comme une aura. Cette aura semblait vraiment être animée, car elle bougeait lentement. Son air était menaçant, et la bête était très vive. Jallie commençait sérieusement à voir la mort venir... Elle entendit alors Joll utiliser un sceau.
-"Récuperation rapide!" incanta l'homme.
Un sorte d'aura bleu clair l'entoura une seconde.Dellas jettait des coups d'oeil nerveux dans tous les sens.
-"Regroupons-nous!" siffla Joll.
Les trois compagnons se rapprochèrent alors. Quelques instants plus tard, la bête n'attaquait toujours pas. Joll se toucha un tatouage de la main gauche et fit un geste brusque vers Jallie de cette même main.
-"Elan cinétique!" cria-t-il en même temps.
Jallie comprit que c'était comme cela qu'un levito lançait un sceau. Il posait sa main sur le sceau et lançait le sort correspondant avec une incantation orale.
-"Qu'est-ce que ça fait?" demanda-t-elle.
-"Tu seras un peu plus rapide pendant une minute environ, ça t'aidera à réagir en cas de problème."
Quelques instants plus tard, la bête n'attaquait toujours pas, sa présence ne se sentait presque plus.
-"Il doit être en train de récupérer, qu'est-ce qu'on fait?" demanda Dellas en s'adressant à son père.
-"Je pense que le mieux est de s'en aller. Il est dangereux, dans un cas comme celui-là il vaut mieux éviter le combat", dit l'homme qui saignait toujours du bras gauche, abondamment."On va rejoindre la route et continuer notre chemin, pas de repos aujourd'hui. Ce serait trop dangereux."
Dellas et Jallie acquiescèrent de la tête. Les trois compagnons partirent alors vers la route. Dellas était devant et éclairait leur chemin, Joll était juste derrière avec Jallie qui le collait presque à sa droite. Un réflexe défensif. Une fois sur la route, les compagnons reprirent la même direction, tout en étant sur leurs gardes. Moins d'une minute plus tard, la présence du sada hamere se faisait de nouveau sentir.
-"Vous ne" commença Jallie.
-"On sait. Tiens-toi prête", l'interrompit Dellas.
Jallie fut de nouveau remplie de peur. Mais elle se dit "courage, on va y arriver". A peine commençait-elle à relativement se calmer, que la bête lança l'offensive. Elle déboula de la forêt, et se jetta sur Dellas après une brève téléportation. Ce dernier l'esquiva de peu, et tenta de la frapper avec sa dague, mais la bête se téléporta tout juste derrière lui. Dellas eu le bon réflexe de mettre un coup de pied en arrière, et toucha de plein fouet la tête de la créature affamée, qui beugla dans la douleur, et recula avant de se mettre à tourner autour du petit groupe, qui se compacta. Les trois compagnons voyaient enfin la bête clairement sous la lumière de la torche. Le sada hamere était effrayant. Il grognait en même temps qu'il rôdait lentement. Tout le monde se préparait à l'assaut qui allait certainement arriver.
-"Dellas, tiens toi prêt", dit calmement Joll.
Dellas sourit alors, comprenant que son père avait une idée. C'est alors que Joll se plaça face au sada hamere, devant les deux autres. Le gros loup arrêta alors de marcher et se tourna face à lui. Les deux adversaires se regardaient droit dans les yeux. Quelques secondes plus tard la bête féroce fonça sur Joll, qui lança alors un sceau.
-"Gravité annulée!"
La bête flotta alors dans les airs, tout en s'échouant vers eux lentement. Dellas tira immédiatement deux flèches d'un coup, droit dans le cou et le coté du crâne du loup. Il fut suivit de très près par Jallie, qui s'était préparée, voulant participer aussi. Elle décocha un carreau qui alla se loger dans le ventre du sada hamere. La bête tomba une seconde plus tard, à la fin du sort, et s'écroula devant Joll, qui lui porta un coup de poing droit sur le haut du crâne, avec une force dévastatrice, pour s'assurer de sa mort rapide. Jallie fut impressionnée, mais elle n'en attendait pas réellement moins d'un tel spécialiste du combat à main nue.
-"Fiou, fini!" soupira Dellas, soulagé.
-"Il s'en est fallut de peu, cette créature était coriace. Elle était à la hauteur de sa réputation", répliqua Joll.
-"Espérons que l'on n'en croisera pas d'autre", commenta Jallie, soulagée tout autant que les deux autres.
Joll regarda la carcasse de la bête. L'aura avait disparue à la mort du sada hamere. Il se releva et dit:
-"Au moins on aura pas besoin de chercher notre prochain repas. Dellas, donne-moi une ficelle."
Dellas sortit une ficelle de son sac et l'envoya à son père, qui attacha le loup par les pattes et le porta sur son dos.
-"Allons dormir, maintenant", dit Dellas.
Jallie fit un oui de la tête. Les compagnons s'éloignèrent un peu de la route et se couchèrent auprès d'un arbre. Jallie s'endormit tout de suite.
-"Elle dort déjà", dit Joll.
-"Elle est jeune. Ca a dû lui faire tout drôle de changer de vie d'un jour à l'autre. A sa place j'aurais été terrifié."
-"Elle a du courage, elle a fait face à un évènement marquant, et elle a réussi. Tu as vu, elle a même tiré avec toi!"
-"Oui, et elle a plutôt bien visé ce coup-ci!" remarqua Dellas.
-"Demain on la laissera dormir autant qu'elle a besoin."
-"Oui, il vaut mieux pour elle", conclut Dellas, en levant brèvement les deux sourcils.
Il la regarda avec un sourire. Il trouvait cette petite fille dormante si mignonne. Il avait beaucoup de sympathie pour Jallie. Il l'avait déjà adopté. Quelques minutes plus tard, les deux hommes dormaient aux aussi.
Le lendemain, Dellas se réveilla le premier.
-"Et si je faisais cuire le loup?" pensa-t-il à voix haute,"ça leur fera plaisir de se réveiller en sentant la bonne odeur de la viande grillée", continua-t-il en ricanant.
Il se leva pour aller chercher du bois. Il ramassa deux morceaux avec un bout en V, qu'il planta pour faire les bases, et prit un gros bâton sur lequel il planta le loup après en avoir retirée la peau poilue. Il prit quelques morceaux d'un arbre mort et en fit un tas en dessous de la viande. Il alluma alors une brindille d'un geste de la main, et la plaça sous le tas de bois pourri. Peu de temps après le feu était haut et carressait la grosse viande placée au-dessus. La viande commençait quelques minutes plus tard à cuir. La couleur de cette viande rose devint un beau rouge. Dellas trouvait cela très appétissant, et se lêcha les babines en tournant leur future repas. Ses deux compagnons se réveillèrent à-peu-près en même temps.
-"Qu'est-ce que tu fais?" demanda Jallie.
-"Notre repas", répondit Dellas, en même temps que son père s'adressait à lui.
-"Aaaah! Ca c'est mon fils! Hmmm on va bien se régaler hein!" s'exclama Joll en se levant et en tapant l'épaule de sa progéniture.
-"Haha, peut-être, tu es goûteur volontaire?"
-"Bien sûr que oui! Toujours là pour me sacrifier pour mon abruti de fils, n'est-ce pas?"
-"Ouais c'est ça bin attend que la cuisson soit terminée gros vorace!"
Un grand sourire se dessina sur le visage de Jallie. Se réveiller dans une forêt, avec deux acolytes de bonne humeur devant une viande cuisante chassée la veille, c'était comme vivre un petit rêve. Le goût tant attendu de l'aventure. Quelques instants plus tard, la viande était à point, ou presque. Dellas utilisa une de ses dagues pour découper plusieurs morceaux, et le reste alla dans son petit sac. Joll morda dans sa viande en premier, comme promit. Dellas et Jallie le regardaient.
-"Mmmmmh. C'est plutôt bon. Ca vaut pas du bon chihag, mais vu les efforts fournis pour l'obtenir, c'est raisonnable!"
-"Tant mieux, à table!" s'exclama Dellas.
Jallie repensa alors au combat qui avait eut lieu la veille. Elle remarqua alors que depuis son réveil elle n'avait plus vu la marque de morsure sur le bras de Joll. Elle vérifia alors, et la trace avait complètement disparue.
-"Comment ton bras a guérit??" demanda Jallie, incrédule.
-"La récuperation. C'est vrai que tu viens d'un couvent, j'ai failli oublier. Laisse-moi t'expliquer comment ça marche."
Jallie écoutait attentivement, sa soif de connaissances du monde avait reprit le dessus.
-"Tu vois, quand tu te blesses, ton corps récupère petit à petit de ta blessure. C'est un processus lent, qui est dû à ton énergie interne. Tu te rappelles?" questionna l'homme.
-"Oui c'est maul vitarri en ancien galter, et c'est de la que vient tous nos pouvoirs la magie tout ça... C'est ça?"
-"Oui exactement. Et bien ton corps s'auto-guérit. Mais ça prend du temps. Tu peux accélérer légèrement le processus en mangeant, en buvant ou en te reposant, bref, en nourrissant ton corps si on veut. Après, si la blessure est vraiment grave, tu auras, en plus d'une chance de mourrir, une cicatrice qui restera pour le restant de tes jours."
-"Oh..." dit la jeune fille.
-"Maintenant laisse-moi te parler d'une des appartenances. Je t'ai parlé des dlarito et des levito, c'est bien ça?"
-"Oui."
-"Et bien je vais te parler de la troisième appartenance alors. Elle s'appelle daffilesto, daffiles signifiant "guérison" en ancien galter. Les daffilesto sont spécialisés dans la grosse accélération du processus de guérison. Pour faire simple, ils entrent dans une sorte de transe qui leur permet d'entrer en contact directement avec l'énergie interne d'une personne, et augmentent ainsi son activité, et de même, sa régéneration. Attention cela dit, le daffilesto en action ne peut répondre si on l'attaque, ou même lui parle ou quoi que ce soit. Il faut donc couvrir un daffilesto quand il guérit un allié, tu as tout compris?" monologua Joll.
-"Oui. C'est fascinant", affirma Jallie.
-"Bien", dit le quadragénaire avant de mordre dans sa viande.
-"Aller, finissons de manger et en route pour Grandatum", conclut Dellas.

 

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21/02/2016
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