Avis - Les Epées de Glace d'Olivier Gay

Aujourd'hui je vous fais mon bilan du roman de fantasy Les Epées de Glace, d'Olivier Gay, auteur français ayant à son actif des romans policier et fantasy.

Un roman qui m'a énormément plu. Je l'ai trouvé par hasard, en scrutant les étagères de ma librairie habituelle, Lo Pais, à Draguignan. Ce bouquin se trouvait juste à côté.... des Game of Thrones. Un choix somme toutes logique quand on le lit. Bien qu'ayant bien sûr des différences bien notables avec l'oeuvre de G.R.R. Martin, ce roman dépeint une histoire très réaliste dans un monde médiéval, où les complots se tissent autant que les sentiments des personnages.

La quatrième de couverture nous offre entre autres un avis sur l'oeuvre :

"Une intrigue parfaitement maîtrisée". Je ne saurais contredire cette affirmations. En effet Olivier nous offre un scénario quasi-sans temps morts (Booba, qu'est-ce tu viens faire là?), qui sait où il va et nous y emmène sans perdre le tempo. Tout à un rapport avec l'intrigue, rien n'est laissé au hasard.

"Une écriture puissante". Idem. Franchement une des meilleurs façons d'écrire qu'il m'ait été donné de lire. Le style est versatile, on ne s'habitue pas vraiment à tel ou tel aspect grâce aux variations de tournures. Et c'est expliqué avec un très bon vocabulaire, mais reste aussi très explicite, donc sans tomber dans le m'as-tu-vu ou branlette intellectuelle si vous me passez l'expression, de certaines oeuvres qui utilisent des mots compliqués juste pour la frime. Une écriture à la fois variée, jolie, et efficace.

Et puis avec une bonne dose de punchlines mémorables :

"-Je ne suis pas sûr qu'un homme seul fasse la différence.

-On m'a donné de nombreux noms. Le Faiseur de veuves. L'Epée de glace. Le Danseur rouge. Je suis Rekk. Le Boucher. Je fais toujours la différence."

"-Ca ne vous est jamais arrivé, de regarder le monde en couleurs? Il n'y a que le noir et le blanc, pour vous?

-Pour moi, il n'y a même plus de blanc."

Avec tout cela, l'auteur nous emmène dans des questions morales sur le meurtre et la haine. Mais aussi sur l'amour. La 4ème dit aussi :

"une épopée [...] surtout très humaine."

En effet. C'est même probablement le plus fort du roman. Nous avons là des personnages, avec chacun leur caractère et leur point de vue, qui restent diablement humain. Tout ce qu'ils peuvent penser est décrit, de la bête remarque enfantine au questionnement existentiel. Toutes les petites choses un peu idiote qu'on se fait sur ce qu'untel pense etc, tout y est et c'est grisant.

Le chapitrage est efficace. On ne quitte jamais un chapitre sans ressentir l'envie d'entamer le prochain.

A nuancer ceci dit.

Il se trouve que l'on finit relativement rapidement à comprendre qu'un chapitre sur tels personnages, telle "intrigue", sera suivit par une autre histoire. Vous finissez un chapitre avec un cliffhanger concernant les personnages principaux, et le prochain vous parle d'une situation politique au palais impérial. Et vice-versa. Et voilà que je te parle d'un personnage complètement tertiaire alors que tu baves de savoir ce qui va arriver à untel.

Attention, gardez à l'esprit que tout est utile à l'intrigue, rien n'est laissé au hasard, comme dit plus haut. En effet, même si le chapitre commence avec une histoire qui parait lointaine et inintéressante, il vous emmène à la suite de l'intrigue pour telle ou telle raison.

Je dis simplement que, pour moi, ce changement quasi-obligatoire d'intrigue d'un chapitre à l'autre est désagréable. Après, c'est une question de goûts.

Il n'empêche que l'auteur vous garde en haleine du début à la fin.

Une autre chose appréciable d'ailleurs sur le côté humain du roman. Il se trouve qu'en certains débuts de chapitre, voire au cours de ceux-ci, on vous raconte la vie d'un "figurant". Les problèmes qu'il a eut dans sa famille, avec sa hiérarchie pour en arriver là, etc, avant que ce personnage ne meurt, souvent au fil de l'épée. On vous sensibilise au fait que ce n'est pas un garde qui meurt, mais un être humain avec sa vie, et tout ce que cela implique. L'humanité est au coeur de l'oeuvre, à n'en pas douter.

Parlons aussi de Rekk. Un personnage haut en couleurs. Ou bas, pour faire dans le jeu de mots. Il est sombre, mais reste humain. Je n'en dirais pas trop pour éviter le spoil, aucune inquiétude. Ce personnage à la fois mythique pour les habitants, divinement précis au combat, et vengeur ne sera pas oublié de sitôt. Aucune sensation de déjà vue avec cet énergumène, même si là, dit comme ça, vous vous dîtes que si. Non.

Je rajouterais qu'il me rappelle, avec ses différences bien entendu, un de mes personnages phare. Alors non il ne s'agit pas d'un personnage des Chroniques de Salfia, mais d'un autre roman que j'écris, La Légende du Marin Pourpre. Rekk me fait penser au Marin Pourpre. Et ça fait bien plaisir de voir un personnage aussi unique et semblable, ainsi que son traitement par un auteur émérite.

Parlons aussi de Shani. Cette servante fait l'objet d'un traitement exceptionnel. Ah oui oui. Son évolution au cours du roman est à la fois logique, imprévisible et bien gérée.

Et tout cela (traitement de persos) vous plonge dans les événements du livre, pour le meilleur... mais surtout pour le pire quand même.

En conlusion, si vous aimez la fantaisie, le bon traitement de personnage, les intrigues fortes et remarquablement menées, vous pouvez y aller les yeux fermés, la main dans le dos et à cloche-pied.